Textes produits
T’as beau le dire, le redire, le crier, le hurler
En long, en large ou en travers
A l’endroit ou à l’envers
Entre les mailles du filet
Tout en haut ou tout en bas d’une page
Dans le creux d’une oreille, d’une vague, d’un oreiller…
Tu peux aussi le murmurer, le gommer, l’effacer, le raturer
L’enterrer, le profaner, le maquiller, le dégueuler, le ravaler…
Il y aura toujours un fumiste pour te dire que non !
Qu’il ne mange pas de ce pain là, qu’il ne boit pas de cette eau là
Et que même la mort abandonnée sur un parking d’autoroute
Un jour de départ en vacances, retrouvera ta trace, et qu’il faudra payer !
T’as bouclé ta ceinture avant d’éjaculer
Mais le sperme est malin
Des générations d’épicéas n’effaceront pas le crime
Car le ver est dans le fruit depuis toujours
Tu finiras comme Cook, bouffé aux îles Sandwich
Et sur la tombe on écrira : Tabou !

Hervé Frey
T’as beau vouloir briser les chaînes, t’extraire de la gangue visqueuse et répugnante, t’évader par un miracle évanescent du regard et du jugement des AUTRES, la seule issue est de profaner en fumiste professionnel le DIKTAT de la MORALE.
Et la mort abandonnée rôde toujours et encore, avec des effluves d’égout
Pourquoi ne pas oser : se chier dessus !!!
Tabou-clé : ta ceinture tu dois desserrer avant de déféquer sur une future génération d’épicéas, qui se sera nourrie de tes excréments en décomposition, doux fumet à ses racines. Pâle imitation de Cook, bouffé aux Iles Sandwich, « festinisé » malgré lui par une horde de joyeux indigènes avides de dévider ses tripes, de déguster délicatement ses yeux, de pourlécher à l’idée de laisser fondre son cœur sur la langue…
Tabou ? vous avez dit Tabou ?

Dominique
J’en avais jamais vu avant des artistes
Fallait pas rêver !
(Choses vues et entendues avec Stéphane, Kay, Isabelle Cœur, Serge, Giten, Ariel, le 29 juillet 2004, Cantagal, 15h38 – 16h08)

« T’es pas du genre à aider, toi !
Oui, voilà, entre les deux, monte ! Ya ,un peu plus, les serre-machins…
Oh, pas mal
Fais attention aux yeux
Vas-y, c’est super, comme ça, bouge le pied, un peu
Est-ce que tu arrives à voir ?
Comment on est dingues mais pas cons…
Du gourbi sort en boucle la phrase « C’est jouissif quand ; c’est jouissif quand… »
Une forêt de serre-joints aux manches d’épicéa torturent le corps musclé de la croix gammée tentaculaire.

Voilà, poum poum, au marteau, marteler, bing bing bing, au plus près possible du bois… Des plis très forts au burin.
Sur la croix gammée tentaculaire se fiche le cache-sexe sous les arcs électriques du chalumeau tandis qu’on se roule une clope.
Aïe, faut taper comme un sourd.
Les cigales !
On le met sur le pied, c’est mieux, change de position.
Moi je commence à croire que tu aurais mieux fait d’pisser dans un violon que d’faire cette croix.
En plein travail ,oh merde, on dirait pas. On se tait, cohésion communautaire.
Tu as encore besoin de la scie sauteuse ?
Le marteau enfonce le cache-sexe dans la chair burinée de l’amandier
De là, aller vers là !
Du plus petit au plus petit
C’est bizarre en plus…
Casquette ou masque noir sur la gueule, chacun enroule ses gestes autour d’un bras, d’une jambe, d’une mort de la croix gammée
La main de Serge embouche le socle de métal devenu orgue sous la lumière bleutée soudure de la cathédrale-atelier de Daniel
Fait chaud, PUTAIN ! FAUT QU’T’ARRETE LE COLORIAGE DE MARTEAU. »

Gerardo Lambertoni
A 7h15
Debout les zizis : Au programme Connie et Petit Ours brun baisent Tibère dans la maison bleue. Tarama et Clitoris sur canapé au menu.
A 9h40
Si les démons vous démangent encore, de drôles de chiens sauvages vous enseignent l’incroyable légèreté de la Sodomie Transcendantale.
A 12h
Pour vous ouvrir l’appétit, l’énigme du javelot Thaïlandais vous sera enfin révélée.
A 14h10
Ceux et celles qui le souhaiteront, pourront se faire bouffer le cul par les hommes crocodiles de la forêt de Susumu Noro. (Eructations sonores en Japonais interdits aux moins de douze ans.)
A 20h45
Si vous êtes déjà en train d’utiliser votre main gauche, servez-vous de la droite pour nous rejoindre en direct sur… Sex’n’pop…
Un artiste qui se dit d’avant-garde souhaite participer à Libre comme l’air 2004 nous a envoyé une lettre de candidature.

« Messieurs et mesdames de Cantagal,
« Je n’ai pas hésité avant de vous envoyer ce courrier. Je vous écris du fond de mon lit enfoui sous mes couvertures, ma bonne vient de m’apporter une collation et j’ai dégusté ces ridicules gâteaux préparés par ses soins, un peu bourratifs et fades et qu’elle tient à me faire ingurgiter, persuadée qu’ils auront un jour une action salvatrice sur ma personne. Je ne veux pas la contrarier alors je mange à m’en étouffer, attendant avec impatience d’être seul pour pouvoir cracher dans le cabinet de toilette attenant à ma chambre, traversé alors pas toute une série d’émotions contradictoires qu’il me faudra un jour consigner par écrit bien que je n’en voie pas vraiment l’intérêt aujourd’hui, même lorsque la petite sonate de Vinteuil massacrée par un de mes neveux vient rajouter au dégoût occasionné pas ce repas fort indigeste. Et lorsque le parfum des catleyas qu’Odette a cueilli ce matin envahit ma chambre, le malaise est si fort qu’il me vient l’envie de hurler.
Mais, un événement heureux m’a fait sortir hier de cet état bien peu confortable. J’ai lu dans le journal du jour, Les Nouvelles de Combray que vous aviez lancé un appel à candidature : il faut vous dire que je lis absolument tout dans le journal, de la rubrique nécrologique au annonces en tout genre « vends canapé cause déménagement, donne 3 jolies perruches cause triolisme… », aucun mot ne m’échappe, je les traque tous sans exception, et seul l’assouvissement de cette quête me plonge dans un état d’ataraxie absolument délicieux ! Cette annonce lancée aux artistes ne m’aurait pas attiré outre mesure s’il n’y avait eu là, entre ces lignes assez insignifiantes, un mot pour moi inconnu : TABOU. Comment accepter une intrusion pareille moi qui me targue de collectionner tout ce qui se fait, s’est fait et même se fera en matière de vocabulaire ! J’ai dû me résoudre à consulter mes dictionnaires, honteux d’avoir été pris en défaut… Et j’ai trouvé chez un lexicographe une définition qui m’a donné froid dans le dos, qui a suscité e moi un trouble si profond que mes sens en ont été immédiatement affectés. Une nécessité impérieuse m’a pris dont je ne saisissais pas l’objet, pire qu’un désir, une pulsion véhémente , je bouillais, brûlais d’un feu jusqu’alors inconnu, prêt à renverser tout ce qui aurait fait obstacle à sa réalisation immédiate. J’ai su instantanément que ma place était parmi vous, je ne savais pas encore comment, ni même pourquoi mais c’était là, dans l’évidence de ce surgissement. Alors, j’ai attrapé ce qui était là, au plus proche, sans même réfléchir. J’avais essayé le matin même d’écrire une lettre à mon épicier qui me réclamait son dû depuis quelques mois, mais aucun mot n’en était sorti. Et là, ma main prise d’un mouvement autonome a tracé ces quelques lignes que je vous envoie et soyez assurés qu’il y aura une suite.
« Longtemps je me suis couché de bonne heure… »

M.P.
T’as beau balancer des mots
Modestes ou maudits
Mauvaises moqueries
Motivées par la volonté
D’amocher de profaner
La feuille immaculée
Offerte à ton appétit de branleur
Ecrivain au petit bonheur
Toi mon démon d’amour
Il faut que je te dise à mon tour
Les maux de mon âme
La vie qui réclame
La mort abandonnée
Dans un crash de tôle ondulée
Je pourrais te murmurer
‘’ T’as bouclé ta ceinture avant de t’envoler
vers une génération d’épicéas vert, gris peu importe
plantée là devant ma porte
pour une éternité à construire’’
Ô toi mon rire, mon délire
O toi qui vit d’écrire
J’aimerais tant te rappeler,
Une chose d’importance
Que m’a raconté Cook, bouffé aux îles Sandwich
Par des amateurs de quiches, de flamiches,
De miches, riches ou Amish
En tout cas, cannibales
Anthropophages aux encéphales
Gavés de mots à cuire
A cuisiner, à déguster, à faire revenir,
Oui, car t’as beau faire, t’as beau dire
Et j’ai beau faire et dire
Cette histoire à faire et à dire
Je te la dis encore une fois et c’est tout
Enfin je crois j’espère
Mais j’ai peur ne jamais en venir à bout
A bout, à bout
Abadou, tabadou, dou dou
Tabou

Marie PEGUY
L'atelier d'écriture
Texte produits Posté le 30/07/2004
J’ai su instantanément que ma place était parmi vous, je ne savais pas encore comment, ni même pourquoi mais c’était là, dans l’évidence de ce surgissement. Alors, j’ai attrapé ce qui était là, au plus proche, sans même réfléchir. La suite : cliquez ici
L'atelier d'écriture
L'atelier •N°1 commence Posté le 27/07/2004
Karamelle joue le jeux des mots imposés, ou comment les contraintes favorise l'imagination. En savoir plus cliquez ici
L'atelier d'écriture
et le tabou s'inscrit dans l'écriture Posté le 27/07/2004
La réflexion s'est poursuivie : pour certains la nuit a été fructueuse. Une chanson composée par Monique sur l'air des Petits Papiers (que nous mettrons en ligne), d'autres références en particulier au nom de Dieu qui dans la Bible de Chouraki est imprononçable : on en revient à la question du langage. Et puis les... lire la suite
L'atelier d'écriture
premières explorations Posté le 26/07/2004
"Tabou-clé ta ceinture avant d'entrer ?" ( Hervé Frey)...Histoire de rentrer de plain pied dans l'histoire qui va se décliner toute la semaine, voici un bref bilan des réflexions, discussions animées de l'après-midi :
La nature ethnologique, sociale, religieuse, familiale, personnelle du tabou en rend la définition on ne peut plus difficile. Les dictionnaires donnent deux entrées :
1 : interdit et marqué d'un caractère sacré.
2 : Ce sur quoi on fait silence, par crainte, par pudeur...
Il semble par ailleurs qu'il y ait deux niveaux dans les tabous : tabous à dire ou ne pas dire, à faire ou ne pas faire.
Au tabou est liée la crainte de la bestialité qui entraîne l'immédiateté de l'assouvissement, court-circuitage de la pensée, bref deshumanisation par l'autre ou par soi-même.
Il semblerait aussi qu'il faille relier le tabou à la notion de sacré au sens large du terme. Nous avons retenu une définition du sacré qui pourrait être le principe d'humanité. Est tabou tout ce qui menace l'intégrité de l'humanité.
Le langage est à la fois une façon de dire et de taire le tabou. Il permet de mettre en scène la transgression sans la réaliser. Le névrosé comme l'écrivain, l'artiste confronté au manque originel est dans une attitude frontalière : la métaphore, l'euphémisme ou bien l'obscénité la plus crue sont des modes de l'expression du tabou.
faut-il différencier tabou et interdit ?
tabou, pelote de déjection intriquée avec pourtant l'idée que l'on pourrait trouver un fil conducteur... A suivre...
SGS  ©2004 - Manuel en ligne